
Ce podcast a été diffusé dans l'émission Weekends with Ken Connors sur CJAD.
Alors que le jeûne intermittent gagne en popularité comme stratégie alimentaire pour la gestion du poids et la santé globale, des questions se posent quant à son impact potentiel sur la santé cardiaque.
Aujourd'hui, nous accueillons Kim Arrey, diététiste-nutritionniste expérimentée, et l'animateur Ken Connors de CJAD, pour explorer ce sujet d'actualité. Avec des informations contradictoires sur le lien entre le jeûne intermittent et le risque accru de maladies cardiaques, il est crucial d'examiner les recherches récentes et les avis d'experts. Au cours de cette interview, nous aborderons les implications cardiovasculaires possibles du jeûne intermittent, afin de vous aider à prendre des décisions éclairées quant à l'intégration de ce mode d'alimentation dans votre quotidien. Rejoignez-nous pour démêler le vrai du faux sur le jeûne intermittent et ses effets sur la santé cardiaque.
Ken Connors : Kim, cette semaine, j'ai été vraiment surpris d'entendre aux nouvelles que le jeûne intermittent pourrait augmenter le risque de maladies cardiaques. Je pensais que c'était bon pour la santé !
Kim Arrey : Ken, j'ai failli m'étouffer en entendant ça ! Ce qui a fait les gros titres, c'est un résumé d'une présentation prévue lors des Epidemiology and Prevention/Lifestyle and Cardiometabolic Scientific Sessions 2024 de l'American Heart Association à Chicago. Cette étude n'a pas encore été évaluée par des pairs et tous les détails n'ont pas été publiés. Ce que l'on sait, c'est que les chercheurs ont analysé des données des National Health and Nutrition Examination Surveys (2003-2018) et les ont comparées au National Death Index des CDC. Ils ont étudié 20 000 adultes aux États-Unis, avec une moyenne d'âge de 49 ans. Les résultats sont surprenants : les personnes mangeant tous leurs repas dans une fenêtre de 8 heures par jour ou moins avaient un risque accru de 91 % de mourir d'une maladie cardiaque. De plus, le jeûne limité dans le temps n'a pas réduit le risque global de décès, toutes causes confondues.
Ken Connors : Kim, pouvez-vous clarifier ce qu'est le jeûne limité dans le temps ?
Kim Arrey : Bien sûr, Ken. C'est l'une des formes les plus populaires de jeûne intermittent. L'accent est mis sur le moment où l'on mange, et non sur ce que l'on mange. Les gens essaient de consommer tous leurs repas dans une fenêtre de 8 heures, puis jeûnent pendant 16 heures. Certains réduisent encore plus cette fenêtre de temps.
Ken Connors : Donc, on peut manger tout ce qu'on veut pendant ces 8 heures ?
Kim Arrey : Oui, c'est bien ça. Et c'est l'une des critiques de l'étude. Le résumé ne précisait pas ce que les gens mangeaient ni à quelle heure. Dans les études qui montrent des bienfaits au jeûne limité dans le temps, les participants mangent souvent plus tôt dans la journée. Cela pourrait expliquer pourquoi les résultats de cette étude sont moins favorables.
Ken Connors : Y a-t-il d'autres raisons expliquant pourquoi les résultats de cette étude diffèrent d'autres recherches ?
Kim Arrey : Oui, tout à fait. La plupart des études sur le jeûne limité dans le temps durent quelques semaines à un an maximum. Dans cette étude, les participants ont été suivis pendant 8 à 17 ans. Il est donc possible que les bienfaits du jeûne intermittent ne soient présents qu'à court terme. De plus, cette étude s'est concentrée sur le taux de mortalité dû aux maladies cardiaques, au cancer et à d'autres causes, alors que les autres recherches se penchent surtout sur la perte de poids, l'IMC, la glycémie et les facteurs de risque comme le cholestérol, sans analyser les taux de mortalité.
Ken Connors : Kim, cela veut-il dire qu'il faudrait manger tout au long de la journée ?
Kim Arrey : Pas vraiment, Ken. Certaines études suggèrent qu'il est important d'avoir une période de jeûne chaque jour, mais le consensus actuel recommande un jeûne de 10 à 14 heures. Cela laisse une fenêtre d'alimentation plus longue qui permet à votre microbiote intestinal de prospérer, ce qui est bénéfique pour la santé.
Ken Connors : Kim, est-ce la fin du jeûne intermittent alors ?
Kim Arrey : Non, Ken. C'était une étude d'observation et préliminaire. Avant de conclure quoi que ce soit, les chercheurs doivent continuer d'explorer cette voie. Et parallèlement, il est nécessaire de poursuivre les recherches sur les autres formes de jeûne.
Ken Connors : Y a-t-il des bienfaits pour la santé avec les autres types de jeûne ?
Kim Arrey : Les résultats sont encore partagés, Ken. Certaines études montrent que des formes comme le jeûne alternatif (un jour sur deux) ou le jeûne 5/2 (où l'on mange peu pendant 2 jours et normalement pendant 5 jours) peuvent favoriser la perte de poids et améliorer la glycémie à court terme. Cependant, lorsque ces régimes sont comparés à un programme classique de perte de poids, les résultats sont similaires après un an.
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