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Médecins et diététistes se prononcent : comment naviguer dans les conseils nutritionnels sur les réseaux sociaux

Ce podcast a été diffusé dans l'émission Weekends with Ken sur CJAD le 5 juillet 2025.  


Ce n’est un secret pour personne : les réseaux sociaux regorgent de conseils en nutrition. Mais dans quelle mesure peut-on réellement leur faire confiance ? En tant que diététiste, on me demande souvent mon avis sur les tendances nutritionnelles qui inondent les fils d’actualité. J’aimerais partager ici mes réflexions — et celles de mes collègues du monde médical — à propos de ces régimes à la mode et des suppléments populaires.


Communiquez ouvertement avec votre équipe de soins de santé

Quand mes clients me parlent de tendances alimentaires vues en ligne, ma réaction est toujours positive. Je suis réellement heureux qu’ils se sentent assez à l’aise et en confiance pour partager ces informations avec moi. Il est essentiel d’informer toute votre équipe de soins (médecin, pharmacien, diététiste, etc.) de tout complément que vous prenez ou tout nouveau régime que vous adoptez. Cela permet de faire les ajustements nécessaires à vos soins et d’assurer votre sécurité.


Les médecins partagent les inquiétudes des diététistes face aux tendances en ligne

Fait surprenant : les médecins sont tout aussi préoccupés que les diététistes par les conseils nutritionnels véhiculés sur les réseaux sociaux. Un sondage réalisé par SERMO, une plateforme d’engagement pour les professionnels de la santé, révèle que 90 % des plus de 1000 médecins interrogés sont inquiets de la promotion des régimes à la mode en ligne.

Par exemple, seulement 5 % des médecins recommanderaient un régime hyperprotéiné, et encore moins un régime cétogène, malgré leur forte présence sur les réseaux sociaux. Les médecins privilégient plutôt le régime méditerranéen ou le régime DASH, reconnus pour leurs bienfaits. Ils s’inquiètent également de la présentation de certains suppléments comme des « remèdes miracles ».


Les dangers cachés des suppléments

Pourquoi les médecins s’inquiètent-ils autant des suppléments ? J’en ai vu les effets néfastes de mes propres yeux. Une étude majeure publiée en 2017 dans la revue Hepatology a révélé que 20 % des greffes de foie étaient liées à la consommation de suppléments toxiques pour cet organe. Et ce chiffre pourrait être sous-estimé, car les fabricants de suppléments ne sont pas obligés de signaler les effets indésirables, et beaucoup de ces produits ne sont pas suffisamment étudiés.

Autre problème : les gens ignorent souvent que les suppléments peuvent interagir avec des médicaments ou des conditions médicales, ou qu’ils ont une dose optimale à respecter. Un de mes clients, par exemple, prenait cinq fois la dose quotidienne recommandée de sulfate de glucosamine. Au début, cela soulageait ses douleurs articulaires, mais à long terme, il risquait des effets secondaires : yeux gonflés, diarrhée, nausées, gaz, perte de cheveux, douleurs abdominales… La dose recommandée pour soulager l’arthrose est de 1500 mg par jour, à réduire à 1000 mg une fois la douleur maîtrisée.


« Naturel » ne veut pas dire « sans danger »

L’idée que ce qui est naturel est toujours inoffensif est une idée fausse — et dangereuse. Voici un exemple concret : c’est la saison de la rhubarbe. Ses feuilles vertes sont magnifiques, mais toxiques. Elles contiennent tellement d’oxalates qu’elles peuvent provoquer des troubles graves : difficultés respiratoires, cloques dans la bouche, calculs rénaux, convulsions, coma, voire insuffisance rénale et décès. On peut manger les tiges, mais jamais les feuilles ! Alors non, « naturel » ne veut pas dire « inoffensif ».


Comment reconnaître une information nutritionnelle fiable ?

Voici quelques conseils pour trier le vrai du faux sur les réseaux sociaux :

Cherchez des sources crédibles : privilégiez les diététistes-nutritionnistes. Au Québec, les titres « diététiste » et « nutritionniste » sont réservés aux personnes ayant un baccalauréat en nutrition et un stage clinique. Ailleurs (comme aux États-Unis), n’importe qui peut s’auto-proclamer « nutritionniste » sans formation.

Consultez des organismes reconnus : des sites comme Diabète Canada ou la Société de l’arthrite offrent des conseils de base fiables. Ces ressources ne remplacent pas une consultation individuelle, mais elles peuvent orienter vos questions lors de celle-ci.

Recherchez les références scientifiques : un article sérieux devrait citer des études. N’hésitez pas à vérifier vous-même en ligne.


Signaux d’alarme à surveiller

Outre l’absence de qualifications, certains indices doivent vous alerter :

Promesses trop belles pour être vraies : une solution miracle qui semble trop simple ? Prudence ! Rappelez-vous l’adage : « Si ça semble trop beau pour être vrai, c’est probablement le cas. »

Solutions simplistes à des problèmes complexes : méfiez-vous des affirmations du type « éliminez cet aliment et vous guérirez de l’arthrite ».

Produits exclusifs à acheter : si on vous conseille un supplément qu’on ne peut acheter qu’à travers la personne qui donne le conseil… fuyez !


En adoptant un regard critique et en privilégiant l’information provenant de professionnels qualifiés et d’organismes fiables, vous pourrez mieux naviguer dans le monde vaste (et parfois trompeur) des conseils nutritionnels sur les réseaux sociaux.


Sources :• Denniss, Emily et al. #Fail: The Quality and accuracy of nutrition-related information by influential Australian Instagram accounts, International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, 2024.• SERMO. Barometer Finds 90% of Global Healthcare Providers Are Concerned About the Influence of Social Media in Promoting Fad Diets. [Consulté le 4 juillet 2024]. https://www.sermo.com/press-releases/sermo-barometer-finds-90-of-global-healthcare-providers-are-concerned-about-the-influence-of-social-media-in-promoting-fad-diets/ Navarro VJ et al. Liver injury from herbal and dietary supplements, Hepatology, 2017. doi:10.1002/hep.28813.• Denniss E, Lindberg R, McNaughton SA. Quality and accuracy of online nutrition-related information, Public Health Nutrition, 2023.

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dernière mise à jour : février 2025

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